Le tour du monde des espaces apprenants commence à Paris

« L’exotisme est dans tes yeux »

C’est ce que m’a dit un de mes premiers interlocuteurs… il parlait du regard que l’on porte sur les choses et de nos grilles de lecture. Je savais que j’allais en décevoir plus d’un en ne les faisant pas rêver tout de suite. Paris, c’est trop proche ! pourtant,  je n’avais jamais eu le temps d’y rester, d’y découvrir en prenant le temps et j’y ai fait des rencontres extraordinaires. 10 jours de RDV en septembre, des visites d’expos qui se sont aussi avérées fécondes et des personnes inspirantes qui, comme prévu, m’en indiquaient d’autres … elles, imprévues !

La déchèterie de métal comme espace d’apprentissage !

C’est le titre qui m’est venu de ma rencontre inspirante avec Annabel VERGNE

Annabel Vergne, est enseignante à école nationale supérieure des arts décoratifs. Elle me reçoit au sein de l’ENSAD et me porte attention avec douceur et précison. Elle est une relation de Samuel Rémy de la Villette makers  que je vous présente dans un autre post.

Elle me parle de la coopérative d’initiatives et de la plongée des étudiants dans la matière, toutes deux guidées par un questionnement sur le développement durable. J’ai griffonné quelques notes en me promettant de l’interviewer à nouveau.

Une plateforme collaborative comme lieu partagé

Elle est à l’initiative d’AuGurlab [Augures Lab Scénogrrrraphie]) qui est une coopérative ouverte. C’est un laboratoire pour les enseignants de la scénographie des théâtres et des musées. Son objectif est de relier l’urgence environnementale et les innovations au sein des pratiques culturelles et artistiques. Cela leur apparaît être le grand défi de ce secteur. Après un temps d’élaboration à distance, ils se demandent maintenant comment continuer à se rencontrer et produire ensemble. La base de l’activité se fait au théâtre de l’aquarium, le QG 🙂 avec une ressourcerie de matières. L’idée est de mutualiser les expériences pratiques éprouvées qui ont une capacité à s’inscrire dans le développement durable.

Dans cette coopérative ouverte l’idée est que toutes les productions appartiennent à tout le monde et qu’elles soient ancrées dans la réalité. Elles se traduisent en fiches partagées sur une plate-forme collaborative basée sur NOTION

Trois dimensions sont inspirantes dans cette proposition :

  • la préoccupation de développement durable dans les productions artistiques,
  • la recherche d’une mutualisation d’expériences réelles
  • et le choix d’un logiciel collaboratif qui permet le partage. On sent bien là en même temps une intégration du numérique en prolongement du physique, l’espace numérique devenant l’espace partagé

Aller chercher dans les lieux où sont les matériaux pour s’inspirer

Quand j’évoque les lieux d’apprentissage, Annabel Vergne évoque les déchèteries ! En pédagogie le fait d’aller voir les endroits dans lesquels sont les matériaux peut déclencher l’imaginaire. Ainsi, elle a mis en place (dans une logique d’économie circulaire aussi), le fait d’aller vers des ressourceries et les déchetteries avec les étudiants : « Passer par le réel pour comprendre les usages, aller dans une déchetterie de métal permet de projeter les imaginaires ( …)

Cela modifie la façon de travailler et donc d’enseigner. Cela permet de récolter des information que l’on n’auraient pas sinon. Ainsi se pose ici la question de l’espace d’apprentissage, autrement que dans la question de l’aménagement d’une sale de cours. Cela oriente plus largement la question du lieu dans lequel on va ancrer
l’apprentissage. »

Ce mouvement vers ce type de lieux créée « un double fragilité » ajoute-t-elle, « celle de la création et celle qui est due a fait que l’on ne sait pas ce qu’on va trouver ; cela invite à avoir confiance dans le hasard (…) La démarche est très différente entre rêver un truc, le dessiner puis le fabriquer. C’est l’inverse de la façon de penser. On part de l’objet à récupérer pour voir ce qui serait possible de créer. Il faut que les élèves apprennent à travailler avec des choses existantes. Le processus est le même qu’en pédagogie inversée puisque on s’appuie sur les productions des étudiants pour voir ce qu’il sera opportun de théoriser. »

La place de l’émotion dans la scénographie de l’espace

On évoque ensuite l’intérêt de la scénographie dans les musées et elle ajoute « Dans la scénographie il y a de la dramaturgie.  » et j’ajoute que quand on construit une déambulation dans un musée on cherche à émouvoir, à faire vivre quelque chose…

émerveiller pour instruire

Et puis le temps nous a manqué… elle devait s’occuper à nouveau des étudiants. Nous avons interrompu l’échange passionnant et je me promets de la rencontrer à nouveau cet hiver !

Personnes inspirantes

Elle me conseille d’aller vers une agence belge d’architecte qui favorise le réemploi du matériau, agence ROTOR  qui propose des lavabos, des radiateurs, des portes et tout matériau qui part en déchèterie au moment des démolitions. Ils ont créé un supermarché de la seconde main.

Elle m’ouvre vers la RESERVE DES ARTS
dont la mission solidaire est d’accompagner les professionnel.le.s du secteur de la culture, de la création et de l’artisanat dans l’appropriation des pratiques de l’économie circulaire et le réemploi de matériaux. C’est une réserve à PARIS ET MARSEILLE qui comprend des matériaux de fin de spectacle que les makers, les étudiants en art appliqué peuvent utiliser pour fabriquer de nouveaux objets. cette structure propose aussi des formations sur l’économie circulaire

Les pistes

Une chose qui serait intéressante à faire serait de visiter un musée du point de vue de la scénographie et d’analyser ce qui est réussi ou raté.
ANNABEL propose de faire la même analyse dans un espace qui serait le mien.
Affaire à suivre !

Et vous qu’en pensez-vous ? Comment réagissez vous à ce post ?

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