Dans la suite de ma quête de lieux innovants, PERCOLAB me propose de contacter LA CABANE ! c’est un espace créatif totalement innovant qui respire le jeu, la joie , l’envie de faire. Je suis reçue par SOPHIE DUCHASTEL DE MONTROUGE, Directrice des programmes et cofondatrice de la CABANE à Montréal
Dès la porte passée, je retrouve en moi la joie de l’enfance ! Nous visitons l’espace, nous discutons, je suis invitée à manger une excellente soupe de légumes et nous nous posons pour l’interview. Bref, je ne pars plus !
La cabane a été fondée en 2019, et le lieu où nous sommes a tout juste deux ans d’existence. Il a ouvert en juin 2022. ll se déploie sur deux niveaux, pour une surface totale de 465 m2. C’était une ancienne banque, totalement réhabilitée.
La Cabane se définit comme « un organisme à but non lucratif établi dans le quartier Rosemont-Petite-Patrie. Sa mission : permettre aux enfants d’apprendre en menant une vie signifiante, entourés de leur famille et de leur communauté. »
Elle accueille 2 types de projets : un programme qui a démarré en 2020 et qui accueille 30 enfants par jour des enfants qui suivent l’école à la maison et qui viennent les mardis mercredi et jeudi faire leurs apprentissages à la cabane. 3 axes de travail au projet : la créativité, les saines habitudes de vie et l’engagement citoyen. En fin de semaine le lieu est ouvert au public pour des activités de cuisine de bricolage de lecture de jeux.
L’espace est conçu pour les 6-12 ans même si a émergé un coin famille bébé « baby corner » qui va s’améliorer plus tard.
Le lieu est aussi loué pour des assemblées générales, des conférences, des fêtes d’enfants et de parents, autant que des événements d’entreprise, et parce que les gens aiment le côté ludique qu’il propose tout le monde aime faire des glissades !
Le lieu va évoluer avec une transformation de la cour en jardin pédagogique, un jardin de production « l’oasis de fraîcheur » sur le terrain qui jouxte le bâtiment. Il verra le jour en 2025.
Tous les mois, le dimanche, est organisée, une danse intergénérationnelle qui réunit plus de 200 personnes sur les deux étages. C’est la raison d’être de la boule disco. Lors de ces soirées, à l’étage il y a une petite zone chill et le bas est consacré à la danse. L’espace est dégagé.Ils invitent des danseurs pour initier les gens à la danse. Le thème est différent chaque mois.
Visite en images
Le lieu se déploie sur deux niveaux
Le RDC
Au RDC l’accueil, le bay corner, un espace ludique et la cuisine
L’étage
A l’étage l’espace classe la bibliothèque, le bureau des éducateurs et une salle de régulation
FILM SUR LES CLASSES
LE PODCAST
Le projet à la base du lieu
« Pour que les apprentissages soient réels, il faut qu’ils soient significatifs. «
Sophie Duchastel de Montrouge
Donc toute l’approche pédagogiques est centrée sur l’intérêt des enfants. 2 fois par an ils organisent un Explorathon. C’est une exploration où tout le monde propose des idées sur ce qu’il veut apprendre l’année d’après : je veux apprendre comment aider les animaux en détresse ou être magicien. Puis est mis en place un processus de vote qui permet aux éducateurs de construire le curriculum. C’est ainsi que la magie peut être base d’apprentissages. Elle constate que l’engagement est majoré et que les éducateurs intègrent les apprentissages scolaires : prise de notes, science etc…
Quel espace ?
L’espace a été créé en premier pour que les enfants soient bien et que le espaces soient adaptés à leurs besoins : une belle luminosité, des plantes la nature mais aussi que ce soit ajusté à leur grandeur, qu’ils aient plein d’endroits où se poser. Que les enfants se sentent les bienvenus dans une espace qui leur appartient. Le projet a été construit en consultation des enfants
Les conditions de la collaboration
D’abord trouver un lieu assez grand avec un potentiel d’aménagement, avec une espace extérieur évolutif et dans un quartier familial accessible à tous. La première étape é été de consulter sur une méthodologie proposée par le désigner BRUNO BRAEN (dont vous trouverez l’intreview plus bas, les enfants qui font l’école à la maison. Ils ont eu à réaliser une activité DÉFI en leur demandant de créer l’espace le plus ludique. Ils ont pitché devant les autres et les idées principales ont été traduites en propositions faisables puis acceptables par la ville. Le projet est d’augmenter la relation avec l’ensemble des communautés autour pour que l’espace soit vraiment inclusif.
Ses trois conseils
- consulter et de faire un partenariat avec les usagers
- rendre l’espace le plus surprenant possible : objets cachés, choses suspendues, boules disco
- faire se cohabiter les besoins des adultes et des enfants en invitant les adultes à s’approprier l’espace fait pour les enfants
Rencontre avec le designer d’intérieur Bruno Braën
Nous avons rendez-vous dans son élégant Bar à vin, le Pullman dont il est propriétaire et qu’il a designé. Son bureau est à l’étage.
Nous nous installons à côté du magnifique lustre en verres de cristal mais monté dans un support à verre de cuisine avec un éclairage rudimentaire qui « démystifie le côté bourgeois, élitiste du lustre de cristal et donc du vin par extension (pratiquement et symboliquement) « . Tout pour démystifier en douceur une vision élitiste de la consommation de vin ! Tout est dit : comment rendre accessibles les choses dans une esthétique à la fois rugueuse et élégante … et surtout pleine de surprises. L’environnement physique a une présence discrète mais dont on peut parler.
Bruno, Braën a été le designer d’intérieur associé au projet de construction de la Cabane.
Il a d’abord été photographe, puis concepteur d’espaces en 3D, pour faire tous ses premiers travaux dans la création d’hôtels et de bars. Il s’est récemment lancé avec joie et étonnement dans le projet de la CABANE qui s’adresse lui, aux enfants.
C’est aussi un lieu où les gens vivent et se rencontrent, finalement pas si éloigné dans l’intention des lieux qu’il a créés. Pour lui un lieu n’a pas à être esthétique ou fait pour faire plaisir au designer, mais doit être agréable à vivre et surtout, il faut qu’il crée la surprise, mais la surprise même après 100 passages dedans ou après plusieurs années de vie.
Les étapes de création
Visites
Dans un premier temps ils ont mis à nu totalement la structure avec l’équipe projet avec l’idée de démystifier la construction parce qu’il y a souvent une crainte d’enlever les murs, le plancher. L’idée étant de voir c’est quoi un conduit à quoi ça sert par où ça passe de façon à être familier avec tout le processus de construction.
Avec les enfants et les éducateurs, ils ont une étape de visite d’espaces en particulier les espaces que Bruno Braën a créés, avec des plans en main de façon à ce qu’ils se familiarisent à la lecture d’espaces.
Ils ont fait des visites de chantier avec l’entrepreneur et avant la construction…toujours pour comprendre comment ça marche, et aussi s’approprier petit à petit le lieu.
Défi pour l’extérieur.
En parallèle il leur a proposé d’imaginer quelles étaient leurs idéal d’extérieur et de leurs idées il en a fait un mini module de jeux intégrés à la cabane. Ils était en divisés en six groupes avec chacun un animateur différent. Les pitchs ont nourris les idées du designer.
« Un espace ludique ce n’est pas une salle avec des jouets. »
B. Braën
Le traitement de la récompense
De l’écoute des propositions différentes, un axe commun est ressorti. : en particulier qu’après un circuit fini, il y avait une récompense ! Bruno a choisi de traduire cela, par exemple, en créant d’un observatoire perché au sein de la cabane. On peut l’atteindre quand on a fini circuits ludiques dans la cabane. Il y a une jumelle où tu peux observer, tu es dans ton petit observatoire privé, tu peux être seul c’est un lieu qui peut être à soi. C’est en cela qu’il a traduit la récompense.
Pour lui être dans un espace ludique, ce n’est pas être dans une salle avec des jouets, mais être dans un endroit plein de surprises.
Un espace à eux
Il a aménagé au-dessus des salles de bain comme un Lounge inaccessible aux adultes où ils peuvent, se recueillir se calmer. À l’étage, il a créé trois points de vue où ils peuvent voir à travers des structures métalliques, en passant la tête par le trou : soit un espace vide serein pour se recueillir à notre temps calme, soit en espace ou à travers la structure métallique on peut voir les fils pour comprendre comment ça marche et que « ce bordel est utile et qu’il est bien de le comprendre. »
Les matériaux utilisés sont beaucoup le bois compressé parce qu’on est dans la matière la plus économique avec l’idée qu’on peut sentir qu’on peut le faire soi-même. Il a choisi que les finitions ne soient pas parfaites, même si ce n’est pas une question d’économie, mais pour donner la même sensation aux enfants que fabriquer est possible. Il a utilisé essentiellement du bois du plastique et de la céramique dont on voit les assemblages pour qu’on puisse comprendre comment c’est fait. Ils ont utilisé des fils suspendus au plafond en les magnifiant, parfois en faisant des bouquets de fleurs avec les fils. Il incite d’ailleurs les ouvriers sur le chantier à oser avoir ce geste esthétique, et malgré les réticences qu’ils ont d’abord faire des fleurs de fils, ça les embarque. Il dit qu’il a toujours cru à l’artisanat dans la construction. Il dit aussi que l’ambiance sur le chantier, en est tellement différente !
L’importance d’avoir d’autres perspectives.
Il a créé un comptoir avec trois niveaux différents visibles. L’intention est triple : la première intention et que ce soit utile : le comptoir est pratique et va s’adresser à trois tailles d’enfants. Le deuxième usage, celui de sa position dans l’espace : Comment le disposer quelle va être sa fonction. Et le troisième usage est beaucoup plus subtil, c’est celui de la prise de conscience : ce comptoir à trois niveaux fait prendre conscience qu’il peut y avoir trois besoins différents pour les populations différentes.
Le même travail a été fait pour la plonge. Ils ont construit une plonge plus basse qui peut être utilisée par les enfants, et ils se rendent compte qu’ils ont augmenté la désirabilité de faire la vaisselle, parce qu’elle est équipé de matériel professionnel et que les enfants ont désormais hâte de faire la vaisselle. Les tables de l’espace principal sont aussi à trois niveaux. Même si les enfants peuvent prendre plaisir à aller à la table des grands, parfois les enfants de taille moyenne sont tout à fait contents de trouver une table qui leur sera adaptée.
Il a aussi créé des objets dont on ne leur a pas expliqué l’usage, mais qui ont été fait intentionnellement : par exemple une table qui peut se déplacer, mais qui est assez solide pour qu’ils puissent sauter dessus à la fin d’un parcours de jeu interne à la cabane. Il s’est rendu compte que, la semaine dernière, ils avaient enfin déplacé la table et qu’effectivement, ils sautaient dessus en fin de parcours depuis le pont suspendu. Cela satisfait tout à fait l’envie de voir germer les graines de curiosités qu’il avait plantées, sans le dire, dans l’espace.
Se mettre à la place de l’autre
Pour lui, la base de son travail et de se mettre dans la tête du client et des futurs utilisateurs et de se demander qu’est-ce qu’il voit qu’est-ce qu’ils veulent vivre. La plus belle chose qu’on puisse lui dire, c’est que l’on découvre encore quelque chose de nouveau dans un lieu qu’il a créé, après 100 passages.
« Je préfère que les gens découvrent les lieux, plutôt qu’il n’en aient une bonne impression »
Bruno Braën
Les projets
Le chantier va se poursuivre avec l’aménagement d’un espace extérieur Les enfants le suivront depuis le bâtiment à travers les fenêtres. Et ils seront bien entendu sollicité pour donner leurs d’idée.
On se donne rendez-vous en 2025 dans trois ans pour que je vois l’espace extérieur dans toutes les surprises qu’il va renfermer !
Qu’est ce que j’ai appris ?
- Qu’il y a une subtilité silencieuse à cacher des indices ou des fonctionnalités dans les espaces quand on les conçoit et que les intentions n’ont pas besoin d’être révélées ou tout de suite ou expliquées aux usagers.
- Que l’extrême simplicité d’apparence peut cacher un haut degré d’élaboration et de choix
- Que le ludique d’un espace va éveiller l’enfant chez un adulte
- Que les situations d’apprentissages qui sont conçues par les éducateurs viennent rencontrer un lieu qui facilite mais que le lieu ne suffit pas.
- Que le lieu a été pensé par rapport au projet éducatif
- Que l’emplacement géographique est déterminant pour faire évoluer les partenariats que l’on veut faire évoluer autour de soi