Dans la poursuite de l’exploration des espaces actifs d’apprentissage, j’ai rencontré l’extraordinaire démarche du Lab-école à Québec en faisait une interview de Pierre Thibault, architecte fameux au QUEBEC et un des trois fondateurs du Lab-école. Il est aussi fondateur de l’atelier Pierre Thibault qu’il dirige.
J’ai ensuite rencontré Jeremy Couture, coordonnateur du mobilier mobile du Lab-école et responsable de l’équipe du design de l’aménagement dans l’atelier du Lab-école. J’ai complété mon texte par l’analyse des différentes publications disponibles sur le site que j’ai citées au fur et à mesure ci-dessous. Ces publications sont un trésor !
J’ai ensuite interviewé Jonathan Bluteau , Professeur à l’UQAM en charge de l’évaluation du dispositif
Interview de JÉRÉMIE COUTURE
« l’aménagement est la colle entre l’architecture et le mobilier » il est important de savoir le plus tôt possible ce que les gens font dans les écoles pour anticiper au mieux…
Jérémy Couture
Qu’est-ce que le Lab-école ?
Il se définit comme « un organisme à but non lucratif qui a pour mission de rassembler une expertise multidisciplinaire à réinventer et concevoir les écoles de demain ; des écoles qui répondent aux besoins et aux réalités des élèves et de ceux qui les accompagnent ». C’est à la fois l’appellation utilisée pour désigner la structure de soutien, mais aussi les écoles construites à partir de ce projet. Il y a donc Le Lab-école et des Lab-écoles.
Le Lab-école est dirigé par une équipe : un conseil d’administration, Dominique Laflamme en est la Directrice générale. Il est animé par une équipe de huit permanents. Trois coordonnateurs-trices de projet couvrent la dimension innovation et développement, service éducatif et évaluation, recherche-création et mobilier scolaire …om/equipe/
Le budget du Lab-école provient du Ministère de l’Éducation Nationale.
L’évaluation anticipée
Les chercheurs Jonathan Bluteau et Mélissa Goulet, tous deux professeurs à la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM, s’apprêtent, avec une imposante équipe, à étudier les retombées de ce projet innovateur sur la réussite éducative. construisent en ce moment un dispositif d’évaluation de l’effet de ces dispositifs innovants sur les enfants.
- https://ecolebranchee.com/les-six-ecoles-du-lab-ecole-sous-la-loupe-des-chercheurs/
- https://www.lab-ecole.com/partenariat-lab-uqam-mesurer-les-retombees-des-lab-ecole-sur-la-reussite-educative/
- Quel est l’impact du Lab-École? | UQAM
« Développer une communauté qui se concerte pour travailler dans un même sens, afin d’offrir un milieu d’apprentissage accueillant dans un environnement inspirant »
Lab-école
Une vision portée par des personnes de conviction
Le Lab-école a été fondé en 2017 sur l’initiative de trois passionnés bénévoles : L’architecte, Pierre Thibault, le Chef cuisinier, animateur et entrepreneur Ricardo Larrivée – Cofondateur/Ambassadeur du Chantier Alimentation et l’athlète et conférencier Pierre Lavoie, Cofondateur/Ambassadeur du Chantier Mode de vie sain et actif.
L’envie portée par ces trois personnes est de voir se bonifier les écoles publiques du Québec.
Pierre Thibault, de son côté ancre l’histoire dans ses initiatives déjà prises en tant que professeur d’architecture où il développe avec les étudiants des projets architecturaux d’école plus innovantes. Il trouvait dommage à ce moment-là déjà que toutes ces innovations soient perdues. C’est à l’occasion d’un passage télé dans l’émission « Tout le monde en parle » sur Ici télé/radio Canada en 2016 pour promouvoir la publication de son livre « Et si la beauté rendait heureux » qu’il a mis l’accent sur l’état dégradé des écoles québécoise. Son cri du cœur a été entendu et il a eu la latitude de proposer le Lab-école.
3 dimensions sont au coeur du projet : Environnement-mouvement-alimentation
Les dimensions du projet se traduisent en 3 chantiers articulés qui sont portés par les fondateurs et mis en oeuvre par des responsables de chantier. « Chaque chantier est composé de collaborateurs représentant des enseignants, du personnel des services de garde, du personnel de direction, des parents, des chercheurs ainsi que des intervenants du milieu communautaire, municipal et de la santé. »
C’est fort intéressant de trouver ces trois dimensions articulées et de voir comment chaque chantier est approfondi tout en étant articulé aux autres. La dimension environnement physique et bâti porte selon moi, la faisabilité concrète des deux autres par la transformation architecturale des écoles.
Chantier Environnement physique
« Il s’agit de concevoir l’architecture de l’école en tant que milieu de vie de l’élève, de créer des lieux d’apprentissage inclusifs, polyvalents et flexibles, permettant l’innovation dans les pratiques pédagogiques, selon l’évolution des besoins des élèves et du personnel scolaire ». Jérome LAPIERRE, architecte, est responsable de ce chantier. POUR EN SAVOIR PLUS
Chantier mode de de vie sain et actif
« Ce chantier vise l’instauration d’un mode de vie sain et actif par la pratique d’activités physiques et de mieux-être. Il s’agit identifier les façons les plus efficaces de lutter contre la sédentarité des jeunes, en les faisant bouger à l’école, en facilitant le transport actif. L’idée est aussi d’inspirer le personnel scolaire et toute la communauté à adopter un mode de vie actif ». Élisa VERREAULT est responsable de ce chantier. POUR EN SAVOIR PLUS
Chantier Alimentation
« Il s’agit de réfléchir aux meilleures façons d’offrir un environnement scolaire favorable à la saine alimentation et au développement de l’autonomie culinaire des jeunes, en partenariat avec des organismes communautaires. Un des objectifs est de transformer les repas pris à l’école en un moment de convivialité, d’éducation et d’expérimentation. » Jean -François ARCHAMBAUD fondateur de La tablée des chefs est responsable de ce chantier. POUR EN SAVOIR PLUS
La création du Lab-école s’est effectuée en plusieurs étapes.
Étape 1 : « La recherche-création » : Une élaboration participative et progressive.
Une recherche tous azimuts : Le projet des fondateurs a d’abord été de visiter à l’étranger tout un tas d’écoles différentes en particulier au Québec, au Japon et en Scandinavie de façon à bien comprendre le lien entre pédagogie et espace bâti et définir des critères architecturaux qui deviendrait les bases du cahier des charges qui serait ensuite communiqué aux architectes. Il s’agissait de définir des critères combinés qui prenaient en compte l’alimentation, l’activité physique et les lieux. Un recherche tous azimuts a été faite sur l’existant, les études, des analyses de bonnes pratiques dans une esprit de laboratoire, avec un fonctionnement ouvert et flexible.
« Décomposer l’école en fragments » – 2017
Le travail d’analyse et de design a distingué les zones de l’école suivant leur fonction et a donné lieu à un travail en fragments qui a porté sur quatre grandes catégories : les espaces de transition (vestiaires, hall, escaliers, corridors, gradins), les espaces de vie communautaire (gymnase, salle à manger, bibliothèque, service de garde), les classes (classes de tous les cycles, classes arts et musique, anticlasse ou espaces collaboratifs) et les espaces extérieurs (cour, aire de jeux, classe extérieure, entrée et débarcadère).
« Le travail en fragment permet d’imaginer individuellement chacune des pièces ou des zones de fonction contenues dans une école et de s’interroger sur son rôle, ses qualités et son potentiel. En isolant ainsi un espace, on peut réfléchir en profondeur à ses qualités spatiales intrinsèques, indépendamment des liens qu’il entretient avec son contexte de proximité. » (p.18 bilan 2017).
Proposer des « stratégies d’assemblage » – 2018
Après cette analyse distincte de chaque zone spatiale un travail de reliance a été fait par une stratégie d’assemblage « Elle consiste littéralement à assembler graduellement des fragments entre eux. C’est ici que les meilleures déclinaisons d’un même espace sont retenues, pour ensuite être mises en relation entre elles. » (p.18 bilan 2017)
Des maquettes pour rendre perceptible la recherche : Après la phase de recherche et d’idéation 1, plusieurs pistes possibles ont été traduites en maquettes dans le studio du Lab-école et présentées aux experts des 3 chantiers . Il s’agissait de repérer si ces options intégraient les 3 dimensions et si on abordait de façon assez innovante la question. Les professionnels des écoles ont ensuite travaillé en atelier pour ajuster les options et construire le cahier des charges proposé aux architectes.
Cette phase de démarrage a donné lieu à la production de maquettes, schémas et croquis et de modèles clés de combinaisons d’espaces pour une école
On peut retrouver les productions illustrées de chaque étape dans le document : « Penser l’école de demain »
Étape 2 : Concours d’architecture – 2019
La deuxième étape a consisté à organiser un concours d’architecture pour recueillir les projets pour 6 écoles. 160 projets ont été déposés et on fait l’objet d’une publication d’une très riche qualité. Les projets ont été défendus lors d’auditions publiques. Le concours a permis de dégager cinq lauréats. Un projet a été porté par le Lab-école lui-même pour créer l’école de QUEBEC, cinq autres projets ont été attribués à d’autres cabinets d’architectes et sont en cours de construction. L’esquisse du projet de Québec a été réalisée par l’équipe du Lab-École, ce qui a permis de tester un processus différent de celui du concours d’architecture, en menant la recherche-création globale jusqu’à la conception de l’école
On peut retrouver l’ensemble des projets qui ont soumissionnés dans le document publié « concours d’architecture Lab-école – Imaginons l’école de demain ensemble ».
J’ai eu le plaisir de voir chacune des maquettes dans le studio du Lab-école puisque tant que le projet n’est pas fini les maquettes restent ici exposées. Par contre, celle de l’école de QUEBEC est au sein de l’école puisque c’est la seule construction qui est achevée. En effet, à chaque fin de chantier, la maquette regagnera son lieu fini.
Les caractéristiques architecturales majeures
Pendant les interviews et à la lecture des publications, deux fragments ont retenus mon attention, à la fois parce qu’ils permettent de penser l’espace en dehors de la classe mais aussi parce que leur appellation poétique participe de l’inspiration que peut porter l’espace. Je n’ai pas demandé si ces appellations étaient utilisées ensuite avec les usagers, mais c’est une piste à retenir…
2 fragments marquants…
– La ruelle d’apprentissage
J’ai eu un coup de coeur dans nos échanges pour cette proposition architecturale qui consiste à proposer dans le prolongement de la classe, une sorte d’espace intermédiaire entre la classe et le dehors, large et lumineux. Il est vitré côté classe et côté extérieur, on peut y s’y rendre depuis la classe ou par l’extérieur. Il est fait de courbes et de niches pour s’installer seul ou en petits groupes. Son rôle est de permettre l‘accès à certains élèves en fonction des besoins et d’avoir une alternative à la seule salle de classe. Quand j’ai parlé de ce concept à des ingénieures de formation, dans d’autres échanges, elles ont souligné la dimension émotionnelle positive de la notion : « c’est l’endroit où on nous a laissé-es jouer seul.es avec nos copains, c’est une espace de liberté ».
« Les écoles intégrant une rue d’apprentissage sont caractérisées par un corridor aux dimensions généreuses qui est ponctué d’espaces d’apprentissage partagés par les classes. Ces zones de travail à même le corridor deviennent une extension de la classe pour des apprentissages diversifiés. En offrant un lieu plus lumineux, plus connecté aux autres niveaux par un gradin ou une rampe et mieux relié aux classes, les corridors deviennent un lieu inspirant pour découvrir, expérimenter et apprendre. Le corridor étant libéré des vestiaires, cela implique que ceux-ci soient intégrés autrement ». (P 61, in « penser l’école de demain »)
La ruelle d’apprentissage fait partie des espaces de transition.
– L’anticlasse
« L’anticlasse est un lieu d’apprentissage flexible lié à la classe. C’est un espace adjacent à celle-ci qui permet de diversifier le type d’enseignement et d’activités d’apprentissage. Cet espace peut servir à la concentration ou à la collaboration. L’anticlasse de concentration est un local fermé qui permet des moments de travail en petits groupes, qui offre un lieu d’intervention personnalisée. Quant à l’anticlasse de collaboration, elle favorise les activités de travail d’équipe et la collaboration interclasse. Cet espace polyvalent peut aussi servir au service de garde. » cela peut être comme une petite place entre deux classes pour accueillir, avec rangements intégrés et bibliothèques, cela peut être un espace de prise de repas.
« Sa qualité principale est d’offrir la possibilité aux groupes d’élèves d’étendre les activités vers l’extérieur de la classe et d’inciter le travail en collaboration entre les classes et les travaux d’équipe. Également, l’espace partagé intègre du rangement pour des matériaux, un lavabo et un coin lecture » (p 57, in « penser l’école de demain »)
Les assemblages
Une fois que le travail sur les différents fragments possibles est fait, il s’agit de les relier dans l’espace. Le travail majeur à assembler ces fragments qui fonctionnent comme des espaces distincts et de réfléchir à la création de liens et d’interactions entre les espaces. En effet, l’idée est de proposer des chemins d’apprentissage dans des espaces suffisamment attractifs et diversifiées. L’attractivité et la personnalisation se pensent à l’échelle du bâtiment tout entier, en effet, les espaces permettent
- d’exposer les productions,
- offrent la possibilité de choisir d’être seul ou en groupe tout en restant à proximité,
- les zones de repas sont conviviales
- et l’ouverture vers l’extérieur est facilitée.
La préoccupation de construction est de s’ancrer résolument dans les besoins des enfants, dans les modes de vie et dans les caractéristiques géographiques des lieux où sont construites chaque école.
Quand il y avait accès possible à la nature, a été maximisée l’ouverture vers l’extérieur et la circulation.
L’architecture s’articule à l’urbanisme en facilitant l’accès de la communauté aux bâtiments comme des cuisines partagée ou des espaces sportifs. Un effort particulier est fait pour diminuer sécuriser et faciliter le déplacement à pied des enfants (appelé Transport actif). En effet, au Québec il est habituel de prendre l’autobus scolaire pour se rendre à l’école. Un élève d’âge préscolaire a droit au transport scolaire s’il réside à 800 m de l’école (1600 m pour le primaire et le secondaire) Le projet du Lab-école et de limiter cet usage à la fois pour la santé des enfants et pour l’impact environnemental.
Un effort particulier est fait sur
- la lumière, avec l’entrée maximale de la lumière extérieure et un travail sur la transparence entre les espaces
- l’acoustique de façon à diminuer le volume sonore produit par les enfants eux-mêmes et à créer du calme qui entraine du calme.
Un travail spécifique sur la cour de récréation.
Un travail spécifique très particulier a été fait sur la cour de façon à en faire un espace clé de l’école, à diversifier son aménagement, à diminuer la place prise par des zones de sport (terrain de soccer par ex) occupées par peu de personnes, et à suivre les envies des enfants sur l’aménagement qu’ils imaginent. Bien entendu, l’idée n’est pas de supprimer les zones de sport mais de construire des espaces distincts entre cour de récréation et zone sportive dédiée
On peut retrouver les travaux sur la cour de récréation ici. Il est construit sur le même principe de fragments et d’assemblages et explique les détails d’une démarche d’élaboration complète. Passionnant !
Un travail plus approfondi sur les mobiliers intégrés
La dernière étude porte sur les mobiliers intégrés qui facilitent et soutiennent les apprentissages.
Les objectifs sont multiples : créer un environnement d’apprentissage, maximiser les mètres carrés des espaces, réduire la surcharge visuelle, simplifier la gestion des espaces et ouvrir le lieu à la communauté en dehors des heures scolaires.
L’introduction de l’étude met l’importance sur la dimension ergonomique, le fait que les enfants grandissent, qu’ils ne grandissent pas pareil, qu’il y a des différences entre garçons et filles, que chacun aura tendance à aller vers tel ou tel type de mobilier et que les activités elles-mêmes vont nécessiter des mobiliers différents
Des recommandations sont faites dans les zones pré-définies dans les 5 types de lieux. Elles partent des besoins des usagers (enfants et enseignants) pour proposer des installations adaptées : alcôves, rangements, vues sur le corridor, participation à l’ambiance acoustique des pièces, espace repas et point d’eau.
zoom sur la classe et l’anticlasse
La classe est habituellement trop surchargée : il s’agit de libérer la surface du plancher en aménageant, entre autres, des espaces de collaboration et de concentration en dehors de la classe, formant l’anticlasse, puis de proposer un mobilier intégré optimisé. Il s’agit de :
- prévoir des rangements fermés et ouverts dans la classe, des stations de branchement d’appareils électriques.
- Prévoir les points d’eau,
- les zones d’affichages permanents (délimiter les différents secteurs d’affichage pour diminuer la surcharge visuelle) et lieux d’affichage ponctuels.
Pour l’enseignant : un poste de travail pouvant être déplacé pour faciliter les activités au tableau blanc interactif.
- Penser la place du TBI / lumière.
- Prévoir les espaces de rangement nécessaires fermés dans ou hors classe soit dans une salle pour enseignants et des rangements de matériels partagés hors classe dans les espaces de transition
Deux espaces ont retenus mon attention !
– L’espace des alcôves
Ce sont des lieux alternatifs de concentration et de collaboration à même le mobilier de la classe, que ce soit en relation avec l’extérieur, avec l’espace de transition ou encore de façon isolée. Par exemple, la banquette ou le comptoir intégré au mobilier créent des espaces informels à petite et à moyenne échelle. Incorporées au mobilier, les alcôves proposent des ambiances différentes dans la pièce pour travailler autrement.
– Le comptoir près de la fenêtre
« Ce comptoir, habitant le mur fenestré de la classe, permet entre autres de désencombrer le centre de la pièce et offre la création d’un sous-lieu à même la classe. L’abondance de lumière naturelle, la possibilité d’offrir des vues lointaines et la proximité des éléments extérieurs en font un endroit privilégié pour découvrir, apprendre et se concentrer. L’ajout d’objets au bord de la fenêtre, telles des jardinières et des tablettes, permet d’appliquer les principes du design biophilique, où les cultures rendent possible la contextualisation de multiples apprentissages disciplinaires. » ( p32 in « le mobilier intégré »)
Quelques recommandations pour les mobiliers intégrés repérées au fil de la lecture …
- Dans les espaces de transition : prévoir des scènes, des bibliothèques et cabanes, des comptoirs près de la fenêtre
- Dans la cuisine : prévoir des plans de travail-espace de fabrication, rangements
- Dans les vestiaires : prévoir des placards et des assises.
La question des matériaux.
- Le bois (à privilégier), les couleurs (discrètes), l’acoustique (bonifiée par les éléments intégrés).
- Les surfaces verticales peuvent avoir une double fonction en permettant à la fois l’absorption du son et l’affichage.
- Penser à la durabilité des mobiliers intégrés (à anticiper en fonction de l’intensité des usages)
(p 80 in « le mobilier intégré »)
On peut retrouver l’étude sur les mobiliers intégrés ICI
Prochaine publication
La prochaine publication, que nous attendrons avec impatience portera sur les Mobiliers mobiles. Elle paraitra fin 2022, début 2023.
Les lab-écoles qui sortent progressivement de terre
De concert avec les commissions scolaires, le Lab-École accompagne — de la conception à la fin des travaux — une cohorte de 6 projets Lab-École au Québec. Ces différents projets d’agrandissement et de construction de nouvelles écoles de niveau primaire sont répartis sur tout le territoire québécois : Maskinongé, Rimouski, Saguenay, Shefford, Québec et Gatineau.
Il n’y a pas de projet ) ce jour à Montréal, même s’il apparait sur la carte ci-dessous
Le Lab-école STADACONA de Québec existe (ouvert en septembre 2022)
L’école se situe dans un quartier à accroissement démographique important et accueille des enfants défavorisés. L’école se veut accueillante et rassurante et ouverte aux parents et à la communauté, comme une « grande maison où l’enfant trouvera une deuxième famille et développera un fort sentiment d’appartenance et de fierté. » (projet de STADACONA, p 11)
Le projet de Québec de construire une nouvelle école plutôt que de rénover l’ancienne après avoir décontaminé le terrain. Il a été d’utiliser au maximum la surface disponible ; une cour sur le toit a été construite pour augmenter la capacité d’accueil des aires de jeux extérieurs. La nouvelle construction suit le modèle appelé « L’école en paliers ».
Au niveau de l’éclairage, notons que « dans les espaces d’apprentissage, l’éclairage circadien s’ajuste à la lumière ambiante afin de respecter l’horloge interne des élèves. » (Projet de STADACONA p 15)
… les autres sont en chantier
Le projet de Saguenay prévu pour septembre 2023
Il s’adresse à des enfants pour lesquels il a été repéré un besoin d’attachement avec un projet de développement social. L’école est dans une zone urbaine. L’architecture y répond en proposant une construction de type « comme à la maison », avec une ouverture sur l’espace communautaire et un lieu très ancré dans la nature que propose le parc. L’idée est de se servir des environnements physiques à portée de la main pour les enseignants (potager par ex). De plus, la structure en pavillons est pensée pour que l’élève se déplace dans l’école. Une cour centrale rassemble au coeur de l’école. Le centre des enfants qui est un organisme communautaire vient s’installer dans l’école.
Le projet de Shefford prévu pour septembre 2023
Les besoins sont ceux d’une population en croissance sur la ville d’une population venant plutôt de MONTRÉAL. L’école est plutôt faite de pavillons pour maximiser la dimension domestique rassurante et la relation à la nature par une série de pavillons qui dirigeait la vie vers le paysage, en particulier le Mont Shefford. « Le monde donne sur la cour intérieure ». L’école est vitrée et est ainsi en relation avec la forêt qui l’environne. Tout a été anticipé pour organiser un déplacement actif des enfants qui soit sécuritaire. Beaucoup de bois et de lumière. Des gradins permettent l’accès à une mezzanine. Les architectes ont pensé à un maximum de synergies.
Le projet de Maskinongé prévu pour septembre 2023
Maskinongé est un petit village en Mauricie. Le besoin est celui d’une population scolaire en croissance et le choix a été fait d’agrandir l’école et de s’accorder aux bâtiments existants. L’école a une vocation maraîchère et un potager a été mis en place qui est en relation directe avec la salle à manger.
Le projet de Rimouski (ouvrira un peu plus tard)
Le choix a été fait de maximiser les espaces de collaboration et de les déployer à l’extérieur avec une terrasse. On trouve de nombreuses petites terrasses à l’arrière de l’école. Une agora est au coeur de l’école que l’on peut rejoindre par de grands escaliers gradins.
Le projet de Gatineau (proche d’Ottawa) (ouvrira un peu plus tard)
Il a été d’agrandir l’école en ajoutant à l’ancien un bâtiment nouveau. Il s’agissait aussi de changer de modèle d’enseignement. Il s’agissait de recréer des espaces perdus avec le temps et l’accroissement des effectifs comme la cafétéria. Les architectes ont choisi de créer une boucle de circulation qui met tout en lien, des espaces scolaires aux espaces de restauration. Ils ont privilégié des espaces et vues sur la nature, la multiplication des liens avec l’extérieur. Il y a la présence d’un grand gradin qui s’ouvre sur un amphithéâtre extérieur. Les espaces des casiers des élèves sont transposés dans des vestiaires à l’accueil ce qui permet de céder la place à des corridors actifs ou des espaces de lecture intégrés aux corridors.
« Cette extension apporte la pédagogie à l’extérieur » dit Jérémy Couture.
Le point de vue du Pr Jonathan BLUTEAU
Jonathan Bluteau est Professeur au Département d’éducation et formation spécialisées de l’UQAM et il est chargé de l’évaluation du programme LAB-école. Je l’ai interviewé pour avoir son retour sur les conditions de faisabilité et les effets attendus des environnements d’apprentissage.
Il souligne que la difficulté est celle qui est posée aux enseignants d’installer de façon anticipée des programmes d’activités qui se saisissent à plein des locaux nouveaux .
Quand ils ont été pensés par des architectes spécialisés dans le scolaire, ils ont étudié les fonctionnalités des locaux en fonction des tâches potentielles qui pourraient s’y dérouler. En ce sens les locaux sont bien pensés, et c’est le cas des lab-écoles.
L’enjeu est que, quand on demande aux enseignants d’implanter des programmes, on le demande à partir d’une nouvelle posture éducative. Ils ne sont pas obligatoirement formés à la « planification d’activités d’apprentissage » par rapport à cette nouvelle posture. Les lab-école ont été mûrement réfléchis ; même si chaque école s’inscrit dans son environnement singulier (ville, nature, communauté etc comme on a pu le décrire plus haut), elles ont des éléments en commun comme la cuisine, les gradins, les ruelles d’apprentissage, l’anti-classe, le jardin, la cour. Ces éléments sont faits pour susciter des activités éducatives, elles mêmes alignées sur le projet. Les enseignants doivent utiliser ces espaces, mais « ils peuvent avoir des difficultés à planifier, à intégrer une discipline dans l’activité pour travailler une compétence ». On peut avoir des espaces pour se déplacer, on peut avoir une cuisine, mais on n’ira pas dans la cuisine si l’activité d’apprentissage n’y a pas été planifiée. Le bâtiment à lui seul ne fait rien. On peut en faire quelque chose de mauvais au niveau pédagogique, comme on peut se faire maltraiter dans un endroit lumineux. Le concept de lab-école pousse plus loin le concept de classe flexible : on s’attend à ce que les enseignants utilisent les divers espaces pour leurs potentialités, qu’ils naviguent …
Même chez les gens motivés, souligne Jonathan Bluteau, construire un programme de formation demande de se réinventer, donc de planifier à partir d’une intention, puis de la structurer en organisant le temps, l’espace, les procédures, les rôles et les responsabilités. Il s’agit d’aller vers de la conception d’activités qui intègrent plus de disciplines (comme le corps humain travaillé en arts plastiques et en sciences, en parallèle). Cela demande une autre organisation entre les enseignants, et pas seulement une occupation de l’espace, mais une conception interdisciplinaire des apprentissages. Il évoque ici les travaux du collège Ste ANNE à MONTRÉAL que j’ai rencontré. De plus, l’avantage de la planification, est qu’elle peut être communiquée à d’autres enseignants et qu’elle devient autoportante.
« Le bâti peut être un leurre… l’école a pour fonction de faire apprendre, mais pas juste d’être bien »
Jonathan Bluteau
Avant d’avoir les murs, je peux imaginer une activité et me projeter vers un espace potentiel. Quand le bâti est là, je peux réfléchir en trois temps : SON POTENTIEL/ qu’est ce qu’il me procure ? L’ACTIVITÉ PÉDAGOGIQUE/ qu’est ce que je peux planifier dedans ? L’ORGANISATION /qu’est ce que l’organisation me permet en relation avec les activités de mes collègues ?
La gestion ensuite de l’activité aura toute son importance, même si elle a été bien planifiée. Il cite une dérive possible dans la gestion du flexible seating. (Cela consiste à proposer une variété d’assises aux enfants dans la classe pour qu’ils choisissent celle qui leur semble la plus adaptée à leur propre apprentissage.) Il constate que si l’enseignant dit aux élèves « le premier arrivé se sert », les élèves demandent tout à coup à leurs parents des chaussures à scratch pour arriver plus vite à l’école ! l’utilisation des assises flexibles doit être, elle- même, une occasion d’apprentissage.
« tout devrait être pensé pour soutenir l’engagement de l’élève »
Les activités d’apprentissage, quand elles sont dans un environnement innovant devraient être autoportantes ; l’adulte devrait être libre pour accompagner et l’environnement est porteur de ressources qui sont un soutien aux situations d’apprentissage : si j’ai des livres, je dois pourvoir y avoir accès ; on me le permet ; j’y vais parce que je sais comment les utiliser ; leur usage a été pensé dans une activité planifiée.
QU’EST CE QUE J’AI APPRIS ?
Une méthode d’élaboration du bâti par étapes qui peut s’appliquer à tout établissement
La détermination d’un axe fort de changement : quelle est la signature ? (comme le dit par ailleurs Didier Paquelin- UNiversité de LAVAL-QUÉBEC). Le projet est porté à la fois par des intentions fortes et nourri par une analyse d’un existant avec la même ADN
L’intérêt de travailler d’abord sur les fragments en ayant distingué quels étaient les lieux principaux (distincts et complémentaires) dans l’établissement d’apprentissage que l’on veut repenser (sans s’intéresser trop tôt à l’enveloppe extérieure) : quels sont les espaces et leurs fonctions ?
Le travail sur l’amélioration des fragments au regard du projet pédagogique et plus largement de la qualité de vie que l’on souhaite accroitre dans l’établissement : comment les améliorer ?
Le travail sur les assemblages pour penser les circulations, les complémentarités et l’usage des différents fragments dans un itinéraire possible de l’apprenant pendant sa journée dans l’établissement. Cela a l’avantage d’élargir l’espace dont chaque enseignant ou formateur pense disposer pour déployer son scénario pédagogique : comment les utiliser tous au mieux et pour quoi faire ?
La réflexion ensuite sur les mobiliers intégrés qui s’inscriront dans les choix d’assemblages : comment ajouter du mobilier fixe en fonction des usages voulus ?
Et enfin celle sur les meubles : quels meubles en complément au service de tout ce qui a été défini précédemment ?
Des zones à travailler en particulier
La classe et l’anti-classe
Les alcôves et zones autonomes de travail
Les corridors actifs ou ruelles d’apprentissage
La connection physique et visuelle avec l’extérieur
Les escaliers monumentaux au coeur de l’établissement
Des points particuliers relatifs à la lumière
Le vitrage interne et externe
L’adaptation de l’éclairage interne automatisée par rapport à la lumière externe pour respecter les rythmes circadiens
La planification pédagogique
Le bâti peut être un leurre si les enseignants ne construisent pas d’activités d’apprentissage en cohérence avec les potentialités de l’espace
Super article ! Passionnant de te suivre dans to tour du monde. Merci de nous faire des partages aussi précis et riches.
MERCI Hélène ! l’idée et d’augmenter notre boite à idées à toutes et tous !