Le Faré et la forêt comme environnement d’apprentissage … apprendre dehors

J’ai interviewé à Nouméa, Georges TIEYA qui est formateur d’adultes et qui intervient en Polynésie, Calédonie, sur les îles proches et plus lointaines, Vanuatu, iles Salomon, Fidji Wallis et Futuna … des noms qui nous font rêver ! Le podcast évoque la relation à l’extérieur et comment être dehors est un grand facilitateur d’apprentissage… Georges m’a raconté comment la forêt avait été sa première université.

Georges TIEYA

Je vous laisse ici d’abord profiter de notre échange

PODCAST DE GEORGES TIEYA- NOUMÉA

Après notre rencontre je suis restée séduite par ses propos, mais quelque part un peu fermée sur le fait qu’il utilise la nature pour former aux questions agricoles ; cela me paraissait donc cohérent qu’il entraîne les participants dehors pour apprendre ! (même j’avais adoré l’exemple des salades au soleil). J’avais du mal à trouver ce que nous pourrions en faire sur un thème qui ne nécessite pas l’extérieur comme situation d’apprentissage !

Puis cette échange a laissé des traces qui m’ont faite réfléchir inexorablement à la relation évidente que l’on a aux espaces fermés.Même si la question ne se pose plus aujourd’hui d’ouvrir et de rendre plus flexibles les espaces, la représentation et la pratique restent liés à 4 murs et un plafond, un vidéo projecteur qui marche et des espaces d’affichage sur les murs. Pourtant, on a des espaces flexibles, le mobilier peut bouger, on incite aux productions tous azimuts tout autour de nous, on met les tables en îlots et le poste le formateur est mobile. Nous étions d’ailleurs dans cette configuration en Calédonie dans un salle active d’apprentissage dont j’avais impulsé la création il y a quelques années : )

La salle active ne suffisait plus !

Le lendemain, j’ai poursuivi l’échange avec Georges.
J’encadrais un groupe de pédagogues en formation et il m’a paru impérieux de démarrer la journée par un échange avec eux sur le rôle de l’espace et du mouvement dans l’apprentissage.

Le reste de la journée, nous avons eu le réflexe, peut-être à cause de la conversation, d’une plus grande mobilité physique, de l’utilisation de l’extérieur pour les travaux de groupe, assis dans l’herbe ou sous un Faré ; les uns et les autres se sont occupés de la gestion du confort dans la salle, du trop de chaleur ou du pas assez de lumière, comme si le fait d’en avoir parlé libérait le mouvement. Ma belle salle active ne me suffisait plus, Georges avait instillé le doute !

Relever le défi de faire apprendre dehors

Cet échange a continué à cheminer dans mon esprit et je me suis dit qu’il fallait relever le défi de faire apprendre dehors sur un thème qui n’a rien à voir avec l’extérieur, de proposer un apprentissage à un groupe, sans support de projection, ni support d’affichage.

Georges me dit que c’est l’intérêt du numérique aujourd’hui, puisqu’on peut embarquer les tablettes et proposer une visualisation de film si nécessaire, ou de diaporama sur smartphone aux participants !
Je suis convaincue de la multimodalité dans les espaces et cet échange m’a poussée un cran plus loin.

Et vous, qu’en pensez- vous ? Comment imaginez-vous le scenario d’apprentissage d’une notion « classique » dehors ?

Depuis, j’ai découvert cela : https://wiki.faire-ecole.org/wiki/Se_lancer_dans_la_classe_dehors#12_questions.2Fr.C3.A9ponses_pour_se_lancer_dans_la_classe_dehors

4 réflexions sur “Le Faré et la forêt comme environnement d’apprentissage … apprendre dehors”

  1. Et si le formateur devait aussi maîtriser son contenant ?
    J’entends très souvent les nouveaux formateurs insister sur l’importance de maîtriser son contenu. Oui, je suis d’accord, c’est important. Il s’agit bien d’être un.e formateur.rice et non seulement un animateur. Et en même temps, la maîtrise du contenu n’est qu’une des conditions nécessaires à la qualité de la formation.
    Merci Georges et Marie-Christine pour ces partages. Vos réflexions et discussions me rappellent toute l’importance qu’il y a pour un.e formateur.rice à maitriser son contenant, c’est-à-dire l’environnement d’apprentissage qu’il choisit pour sa séance.
    Au même titre, qu’il.elle s’approprie l’environnement numérique que ce soit celui d’une classe virtuelle, d’une plate-forme de formation à distance, d’un module e-learning afin d’en faciliter l’accès aux apprenants, il pense sa salle physique, ses déplacements dans différents lieux et l’environnement extérieur pour y être à l’aise lui comme les participants.
    Choisir d’animer tout ou partie d’une séance en extérieur est très intéressant, car cette nouvelle situation mobilise facilement les sens des participants et touche particulièrement le kinesthésique. Il s’agit alors de faire des éléments extérieurs ses alliés pédagogiques. Une de mes premières expériences pédagogiques comme monitrice de voile m’a appris notamment à penser mon positionnement,
    – par rapport au vent : avoir le vent dans le dos quand je parle aux stagiaires pour que qu’il porte ma voix et que la dérive naturelle me rapproche d’eux ;
    – ou encore par rapport au soleil, plutôt à 90° degrés de soi et du groupe pour que personne ne l’ait dans les yeux et que l’on puisse relever les lunettes de soleil qui réduisent la communication non verbale.
    Tout commence par l’observation et se poursuit avec ce questionnement permanent de formateur.rice : comme l’apprenant vit cette expérience ? En quoi sert-elle les objectifs et intentions pédagogiques ?
    Encore merci et bons voyages apprenants dans le Pacifique !

  2. Il y quelques mois, j’ai participé à une table ronde à l’UFCV et j’ai fait connaissance de Sylvain Wagon, professeur à l’Université de Montpellier. J’ai été captivé par son approche de « l’école dans et avec la nature » – il a publié dernièrement avec Corine Martel un ouvrage portant ce titre, aux éditions ESF. Lors du repas, nous avons beaucoup parlé D’Ovide Decroly, précurseur de l’école du dehors, dont j’ai retenu cette phrase admirable de simplicité « l »école c’est quand il pleut ! » Je me souviens aussi d’un cycle de formation que j’ai animé il y a quelques années à Paris, qui comportait invariablement une longue promenade au Parc Montsouris, tout proche de là où avait lieu la formation, et qui est devenu au fil de l’eau le moment fort de la séance du jour. Frédéric

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