TAKTIK DESIGN : le point de vue des designers sur les espaces d’apprentissage


Je rencontre à Montreal NICOLA qui dirige la société TAKTIK DESIGN. Il m’est recommandé par Jeremy Couture du Lab-école à Québec. Je vous conseille d’écouter ce podcast passionnant. J’ai repris ci-dessous quelques notions marquantes, mais les détails données par Nicola sont importants.

TAKTIK DESIGN est une société de design spécialisée dans trois domaines : dans le design d’intérieur (de la conception à l’installation, création d’espaces et d’environnements), le design industriel (conception de pièces, de mobilier sur mesure et recherche de solutions innovantes aux problématiques que présentent les matériaux) le design graphique (création d’identités graphiques). Ils s’intéressent particulièrement aux espaces pédagogiques. Depuis 12 ans beaucoup d’écoles.

« Le paradoxe est de construire un environnement encadrant pour créer un apprentissage libre donc comment encadrer un apprenant libre ?  On cherche à ce qu’ils développent une motivation pour apprendre, qu’ils deviennent curieux. Comment une environnement peut accompagner des humains à vouloir apprendre…  »

Nicola

Le podcast…

écoutons Nicola …

Quel espace ?


3 critères : flexibilité, confort et ergonomie.

l’ESPACE va aider les enseignants qui ont moins l’aptitude à capter l’attention des élèves en améliorant et en soutenant leurs compétences. Il est important d’articuler 3 critères de flexibilité, confort et ergonomie.
Comment on réussit à créer un système d’éléments qui font que l’individu est à son plein potentiel : au niveau de l’ergonomie cognitive (dans la perception) un environnement rassurant, lumineux, doux, fluide, instinctif dans la circulation ; au niveau de l’ergonomie physique : comment je me sens , de façon à ne plus penser à mon corps pour que je puisse me concentrer. Les postures de chacun doivent pourvoir trouver une place.

Les caractéristiques d’un espace flexible permettent cela. Par exemple le nombre de place doit être supérieur au nombre d’élèves pourront permettre le choix des assises. S’il y a 30 élèves il faut 36 places assises.

Une solution est l’optimisation de l’espace par le mobilier intégré comme dans les mini-maisons (du rangement en hauteur, des barres de fenêtre avec des protecteurs de calorifères.)

L’important c’est qu’il y a une cohérence depuis les casiers jusqu’à la signalétique interne.

La question qui se pose immédiatement est du jeu avec la contrainte dans la rénovation car les surfaces sont prédéfinies . Alors comment on utilise l’espace ? on regarde que le mobilier acheté vienne meubler de façon optimale l’environnement prédéfini.

La gestion des flux par la création des lieux tampons.


Il s’agit d’analyser « l’expérience totale » du jeune ou de l’enseignant dès qu’il part de chez lui, dans son trajet dans l’établissement tout au long de la journée et de repérer les endroits où il y déambulation sans socialisation..

Nicola compare les couloirs aux fonds marins : quand il n’y a rien, les poissons ne viennent pas ; par compte quand il y a des récifs et des coraux toute une vie s’installe. Les fonds marins ce sont les lieux-tampons. On peut les appeler tiers-lieux, ils aident dans la gestion des masses. Il faut installer des coraux. Il recommande même d’enlever une classe pour créer un mieux tampon pour « éviter la circulation sans socialisation ».
Qui plus est, quand tout le monde est en classe, on peut utiliser la zone tampon entre les classes dans le couloir comme lieu d’activités élargissant ainsi les possibilités de la classe. On peut les installer en bout de couloir, près des portes, mettre des tables hautes dans les recoins d’escaliers.

L’importance de pouvoir proposer des situations d’apprentissage à l’extérieur

Parce que l’extérieur appartient à tout le monde. Tout le monde dans un parc ou dans une forêt est plus facilement citoyen du monde. Il y a moins de risques d’avoir des échanges déjà contraints par son environnement habituel. Ça peut inspirer le pouvoir de la liberté. Une autre piste est celle de l’apprentissage dehors de façon à créer des situations d’apprentissage dans l’environnement extérieur ou un milieu professionnel immersif. (cela renvoie aux travaux de l’école dehors).

L’importance de l’acoustique


Il montre comment les matériaux des classes amplifient le son et rendent les classes mésadaptées alors que l’on y met en place des pédagogies actives avec des activités de collaboration : le plafond suspendu, le tapis, les murs de feutre, des rideaux en tissu sont des composantes acoustiques qui aident à couvrir les 6 surfaces et aident les professeurs à ne pas haïr les périodes de collaboration

Quelle collaboration pour créer un espace ?


Ils créent d’abord un cahier d’expression appelé « le premier coup de pelle » à destination des enseignants et des équipes : qu’est ce qui va ou pas, puis qu’est ce qui est possible ? qu’est ce qu’on pourrait inventer ? Puis , ils font des propositions optimisées en prenant en compte les contraintes dont tout le monde a parlé dans un aller retour en co-construction. Ils ont un rôle d’intégrateurs. Il constate que ce travail collaboratif et itératif de design thinking permet l’acceptation du changement.

Comment on apprend autrement aujourd’hui?


Comment arriver à garder la sensibilité des jeunes sans qu’ils soient absorbés par les appareils numériques. Cela marchera si la tâche est assez complexe et prenante.
Mettre en place des activités encadrées de création numérique. Des espaces dédiés à des activités de création numérique peuvent y contribuer, en faisant travailler en 3 étapes et dans 3 salles ou dans 3 espaces de la salle sur une méthodologie de design thinking : APPRIS/RECHERCHE DES PRÉCÉDENTS – CRÉER/CRÉATION DE CONTENU-DIFFUSER/DIFFUSION.

Ses 3 conseils

  • créer une diversité de zones (sur la métaphore de la maison et de la fonction des espaces) qui permettent diverses activités et / ou divers positionnements dans l’espace selon ce que nécessite l’activité.
  • prédisposer le mobilier pour que les gens bougent et non pas bouger le mobilier
  • intégrer le côté humoristique dans les environnements et les interactions – faire que les écoles soient comme des grande familles où tout le monde s’entraide.

Qu’est- ce que j’ai appris ?

Que la connaissances des contraintes et des matériaux donnent des idées ingénieuses d’aménagement

Que la création de zones tampon  (ou coraux sur fonds marins) entre dans la gestion des flux et permet de créer de la socialisation

Que l’utilisation de la démarche de design thinking avec les enseignants sur l’aménagement permet d’engager le changement de posture pédagogique

Que des espaces préfonctionnalisés permettent une flexibilité des déplacements des personnes et évitent un déplacement des meubles

Les tribulations du livre sur un billot de bois à roulettes

4 réflexions sur “TAKTIK DESIGN : le point de vue des designers sur les espaces d’apprentissage”

  1. Louise Tardif

    Très intéressant !
    Une inspiration qui ne manque pas de pertinence et d’agilité pour permettre au système d’éducation du Québec de s’adapter a sa nécessaire et importante transformation provoqué entre autre par le numérique.

    1. Marie-Christine LLORCA

      merci de ce retour ! j’ai fait au QUEBEC un certain nombre de rencontres fort passionnantes

    2. Marie-Christine LLORCA

      Merci Louise ! Mais vous avez vu que ce qui est intéressant, c’est d’arriver à combiner une modalité numérique qui vient s’intégrer à des espaces physiques, toujours plus accueillants et revigorants, on pourrait dire ! parce que le présentiel avec la présence complète corporelle, amène encore autre chose que le présentiel à distance.

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